Introduction
Le Nouvel An chinois : théâtre des miracles de l’Empire du Milieu

 

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De la même façon que notre Jour de l’An symbolise le premier jour de notre calendrier grégorien, le Nouvel An chinois, lui, est le premier jour du premier mois du calendrier chinois. Il marque le début d’une période de réjouissances unique dans la culture de l’Empire du Milieu, des heures de faste si extraordinaires qu’elles sont parvenues à dépasser les frontières du pays, pour devenir un événement annuel à échelle internationale quasiment incontournable.

En France, si l’on pense au Nouvel An chinois, l’on visualisera facilement des costumes aux couleurs et motifs extravagants, ou bien un dragon longiligne à tête de lion arpentant fièrement les rues, ou bien encore des lanternes cassant la monotonie de la nuit de la plus superbe des manières. Mais sait-on vraiment d’où ces éléments folkloriques sont issus ? Qui est ce mystérieux animal qui accompagne le passage à la nouvelle année ? D’où ces mille lumières puisent-elles leur origine ? Que fait-on précisément pendant le Nouvel An chinois, en Chine bien entendu, mais également dans les pays alentour et en France ? Qu’est-ce qui nous attend pour l’édition 2013 ?

A l’occasion de l’arrivée imminente de la nouvelle année du calendrier chinois – elle aura lieu le dimanche 10 février –, EnSino vous propose, chaque semaine pendant un mois, de parcourir quelques kilomètres en notre compagnie et de vous plonger dans les mystères du Nouvel An lunaire. Notre voyage nous emmènera d’abord vers un peu d’Histoire : nous nous pencherons sur l’origine même des traditions séculaires du Nouvel An chinois, ainsi que sur leur évolution à travers les âges. Nous consacrerons ensuite tout un pan de notre dossier aux célébrations du Nouvel An chinois, entre préparatifs, réveillon et premiers jours de fête.

Puis, nous vous emmènerons faire un petit tour du monde pour y voir comment le Nouvel An chinois est célébré aux quatre coins du globe, et tout particulièrement en France. Enfin, nous vous parlerons plus précisément de l’édition 2013 du Nouvel An chinois, décrivant avec force détails les spécificités propres à cette année et la programmation dans la capitale. Alors, vous pensiez tout savoir sur le Nouvel An chinois ? Suivez-nous pour en être certain…

 


 

L’évolution du Nouvel An chinois : du néolithique au troisième millénaire

Pour comprendre les origines du Nouvel An chinois, et la raison pour laquelle il diffère du nôtre, il est essentiel de se familiariser avec le calendrier chinois lui-même. Le calendrier chinois est un calendrier que l’on qualifie de "luni-solaire". Cela signifie que les mois sont des mois lunaires : autrement dit, c’est la nouvelle lune (la phase lunaire pendant laquelle la Lune, durant sa révolution, se trouve entre la Terre et le Soleil) qui marque le premier jour de chaque mois, et la pleine lune qui vient définir le quinzième jour du mois. Des mois sont ajoutés au calcul final pour que calendrier solaire et calendrier lunaire coïncident.

La découverte du cycle des années

Bien avant l’alternance des mois selon le satellite de la Terre, il semble que ceux qui peuplaient la Chine pendant la période dite du néolithique (une période de la Préhistoire impliquant souvent agriculture, élevage et sédentarisation) avaient déjà remarqué le suivi des quatre saisons et leur retour régulier. Ce sont au gré de leurs observations que serait née la notion primitive d’année, ou "nian".

Les historiens estiment cependant l’émergence de ce mot à une époque plus tardive. Chaque dynastie chinoise voit s’imposer un terme spécifique pour décrire le cycle qui nous est aujourd’hui si familier : on l’appelle le "zai" au 22ème siècle avant JC, le "sui" sous les Xia ou bien encore le "si" sous les Shang. Ce n’est qu’à l’arrivée de la dynastie des Zhou de l’Ouest au pouvoir (au 11ème siècle avant JC) que le terme "nian" se serait imposé pour décrire ce cycle récurrent.

La naissance du premier calendrier chinois

C’est encore un peu plus tard, sous la dynastie des Han cette fois, qui régna sur la Chine de 206 avant JC à 220 après JC, qu’un calendrier digne de ce nom naquit, basé sur les mouvements et les altérations de la Lune et du Soleil, mais aussi sur la longueur des ombres, sur la durée du jour et de la nuit et sur les changements concernant l’agriculture. A partir de ce moment fondateur, le calendrier lunaire allait se transmettre siècle après siècle et le Nouvel An chinois allait devenir une fête traditionnelle célébrée sous toutes les familles dirigeantes du pays.

Le parcours brillant de ce calendrier lunaire allait rencontrer de sérieuses encombres en 1912, date marquant la chute du régime impérial et la naissance de la République de Chine. Celle-ci adopta en effet officiellement, dès sa création, le calendrier grégorien. Mais les habitudes du peuple perdurent ; quant au nord du pays, il est occupé par les Seigneurs de la guerre, qui exercent un contrôle sur une partie du territoire.

Conséquences : le calendrier lunaire fait de la résistance et il faudra attendre 1929, soit un an après la victoire du Kuomintang (le plus puissant parti politique du pays) sur les Seigneurs de la guerre, pour que le calendrier grégorien soit appliqué sur toute l’étendue du territoire. Quant à l’heure officielle, l’on préfère celle des premiers ports ouverts à l’Occident à celle de Pékin.

Malgré une adaptation au modèle occidental, la Chine et ses habitants restent extrêmement attachés à leur calendrier, s’en servant comme d’un lien entre eux et leurs traditions, et notamment celle de leur Nouvel An.

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Le Nouvel An chinois, pas si différent du nôtre

Les coutumes et les manières de célébrer le Nouvel An chinois varient selon les régions du pays et selon les périodes historiques. Ce qui agit comme dénominateur commun, reliant tous les Chinois à la fois à travers les âges et malgré leur éloignement géographique, c’est la volonté de se débarrasser des mauvaises influences du passé et de commencer la nouvelle année en ayant adopté de bonnes résolutions. Jusqu’ici, le Nouvel An chinois est plutôt similaire au nôtre !

Autre similarité entre nos deux calendriers, qui parait somme toute très logique : le passage à la nouvelle année s’effectue dans la nuit du dernier jour du dernier mois de l’année précédente. Passé cet instant, l’on entre dans une nouvelle année, ou "nian". L’origine de ce mot ? Ni plus ni moins qu’un monstre rôdant sur les terres de Chine

Un monstre légendaire mi-lion, mi-taureau

Dans le folklore chinois, Nianshou ou Nian est un animal maléfique constitué d’une tête de lion et d’un corps de taureau. Toutes les légendes qui entourent cette créature mythique sont intrinsèquement liées au passage à la nouvelle année.

De nombreuses sources écrites et orales nous transmettent la légende de cette bête hybride. Une nuit par hiver, Nian jaillissait des montagnes ou des forêts pour pénétrer les villages et en dévorer les habitants. Une fois son festin terminé et les villages saccagés, il déguerpissait avant le lever du jour. Mais au fil des années, la population persécutée finit par parvenir à calculer la venue de la bête et par prendre conscience de ses points faibles ; en effet, il semblait que Nian était particulièrement retissant à la lumière, au bruit et au rouge. Plus facile de résister lorsque l’on connait aussi bien son ennemi…

Des techniques de survie pérennes

Chaque hiver, donc, alors qu’approchait la macabre échéance, les villageois prirent l’habitude d’accrocher des morceaux de tissus rouges à leurs portes, s’enfermant ensuite dans leurs maisons pour y consommer les plats préparés en prévision de l’arrivée de Nian, le tout bien éclairé. Dès qu’ils entendaient la créature s’approcher un peu trop près de leur résidence, ils tapaient sur des casseroles pour l’éloigner. C’est pour honorer cette légende qu’ont perduré les coutumes évoquées ici ; seulement, modernité oblige, les pétards et feux de Bengale ont pris le dessus sur les techniques d’antan.

Liés par une histoire commune, Nian et le Nouvel An chinois sont purement et simplement indissociables l’un de l’autre : la créature à tête de lion, si représentative des festivités entourant le passage à la nouvelle année, semble avoir été domptée pour le mieux par ceux qui célèbrent chaque année le Nouvel An chinois. Mais Nian, aussi imposant soit-il, ce n’est pas tout le Nouvel An chinois

 


 

 

Les célébrations traditionnelles du Nouvel An chinois

S’il n’y avait qu’une date – ou plutôt deux – à retenir, ce serai(en)t celle(s)-ci : le Nouvel An chinois tombe toujours entre le 21 janvier et le 20 février de notre calendrier grégorien. Cette année, par exemple, c’est le dimanche 10 février que nos amis de l’Empire du Milieu franchiront le cap de la nouvelle année. Et si les festivités s’annoncent animées, les préparations ne seront pas de tout repos non plus… EnSino vous dit tout de l’avant, du pendant, et de l’après Nouvel An chinois, période unique appelée "fête du Printemps".

Le "petit" Nouvel An chinois

L’on appelle "petit Nouvel An" la cérémonie ayant lieu la semaine précédant le "véritable" Nouvel An chinois. Pour obtenir la clémence du dieu du Foyer, censé juger des bonnes et des mauvaises actions de la famille durant l’année écoulée, les membres de la maison déposent des aliments sur une image à son effigie. Vient ensuite le grand nettoyage du lieu de résidence. Lorsqu’arrive le dernier jour de l’année, les membres de la famille accrochent dans plusieurs pièces de la maison des souhaits rédigés sur papier rouge, symbole de chance.

La tradition invite les membres de la maison à coller, sur chaque côté des montants de la porte d’entrée, une bande de papier rouge, sur laquelle on aura apposé un vers, constituant ainsi un discours cohérent avec l’autre côté. Autrefois, ces vers étaient rédigés manuellement, de préférence par des calligraphes ou des littéraires.

 

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Que mange-t-on pendant le Nouvel An chinois ?

Côté provisions, nos amis chinois – tout du moins les plus prévoyants – s’y prennent à l’avance ! En effet, l’œil extérieur pourra voir ici un héritage de l’époque où tous les magasins fermaient leurs portes à l’approche du Nouvel An. Parmi ces courses, l’on trouvera, entre autres, fruits secs et bonbons. Autrefois, l’arrivée du Nouvel An était également l’occasion de renouveler sa garde-robe ; à présent, ce genre d’acquisitions s’effectue tout au long de l’année et n’est pas propre à la fête du Printemps.

Traditionnellement, c’est chez les aînés de la famille que prend place le repas du réveillon. Et quand l’heure de passer à table a sonné, les retards sont mal vus : en effet, le dîner ne peut débuter qu’à la seule condition que tous les membres de la famille soient attablés. Au même titre que notre réveillon français, le repas est copieux. On y dégustera du poisson, des raviolis ou bien encore du "niangao", littéralement "gâteau de l’An". Tous ces aliments ont une valeur symbolique, basées sur des homophonies ; ainsi, le poisson symbolisera l’opulence, les raviolis la richesse et le dessert, la croissance.

Au programme : argent et pétards

Pendant le repas sont offertes des enveloppes rouges dans lesquelles on aura placé de l’argent. Dans les jours suivant le réveillon, lorsqu’une famille rend visite à une autre, il est de bon ton pour la première d’offrir une enveloppe aux enfants de la seconde. Ainsi, s’approvisionner en petites coupures est aussi important que faire le plein d’aliments…

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Une fois sonnés les douze coups de minuit, les enfants ont le droit de faire éclater des pétards et de s’amuser avec des feux de Bengale, malgré des interdictions de plus en plus fréquentes dues à l’augmentation constante des accidents.

Le Nouvel An chinois, ou la lutte contre le sommeil

Parmi les coutumes les plus anciennes, l’on compte celle qui veut que l’on aille se coucher le plus tard possible. En effet, rejoindre sa couche aussi tardivement que faire se peut reviendrait à rallonger sa vie. La télévision est souvent utilisée comme coup de pouce anti-fatigue, ainsi que des jeux comme le mah-jong par exemple. Les jeux d’argent, usuellement interdits dans certaines régions, étaient parfois autorisés pour célébrer le passage à la nouvelle année.

Pendant le Nouvel An chinois, après un repos de courte durée arrivent les traditions du matin. Certains se rendent au temple local, lorsque d’autres préfèrent les tombes ancestrales à proximité de leur lieu de résidence. La coutume veut que plus l’on arrive tôt au temple, plus la chance sera avec soi dans la nouvelle année. De quoi motiver les amateurs de grasses matinées.

Des temples très prisés

Parfois, l’on peut observer un amas de fidèles se bousculant devant la porte d’un temple, attendant que celui-ci ouvre ses portes, pour y être les premiers à y pénétrer. Dans certaines régions du pays, les temples ouvrent à minuit, pour la première heure du premier jour. Quant à certaines grandes villes hors des frontières du pays, comme Paris par exemple, la diaspora chinoise défile en une somptueuse parade polychrome, coutume inaugurée par les émigrés de San Francisco durant la seconde moitié du XIXème siècle. Mais ça, EnSino y reviendra plus tard…

La première journée de la nouvelle année était traditionnellement dédiée aux visites aux membres de la famille ou aux personnes d’influence, à commencer par les parents aînés ou les supérieurs hiérarchiques. Actuellement, le téléphone a remplacé ces déplacements. La coutume dispense les familles en deuil de ces obligations. Enfin, la couleur dominante précédemment évoquée reste légion, particulièrement sur les membres de la famille eux-mêmes : porter du rouge pour le jour du Nouvel An, c’est bien vu ! Pour le ménage, c’est le contraire : il est prohibé toute la journée.

Et après le premier jour de la fête du Printemps ?

Passé le premier jour de la fête du Printemps, les femmes mariées rendent visite à leur propre famille, accompagnées de leurs conjoints et de leurs progénitures. A partir du cinquième jour, les magasins fermés pour l’occasion rouvrent traditionnellement leurs portes au public.

Et comme toutes les bonnes choses ont une fin, après une série d’hommages à divers dieux du panthéon chinois, comme le dieu de la Richesse ou le dieu du Ciel, étalée sur plusieurs jours, la fin de la fête du Printemps arrive, symbolisée par la légendaire fête des lanternes. Celle-ci vient clore le cycle des festivités du Nouvel An chinois. Nos amis de l’Empire du Milieu, particulièrement les familles, attendent la tombée de la nuit et s’en vont marcher dans le noir, une lanterne à la main.

La fête des lanternes rattrapée par la modernité

Si ces lanternes étaient auparavant à l’effigie de tels ou tels animaux ou créatures mythologiques, ceux-ci ont à présent les plus grandes difficultés à tenir la concurrence des personnages de dessins animés à la mode… Parfois, des chars lumineux font leur apparition, commandés par la municipalité. Quant au repas, l’on préférera une soupe avec des boulettes de pâte de riz farcies.

Vous le voyez, les habitants de l’Empire du Milieu savent se montrer généreux et festifs lors qu’il s’agit de célébrer le Nouvel An chinois et la fête du Printemps. Une telle recette, mêlant habilement amour familial, tradition séculaire et modernité assumée, ne pouvait que parvenir à s’exporter avec succès, portée en plus par une importante diaspora. 

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Quand le Nouvel An chinois transcende les frontières

Pour nos amis de l’Empire du Milieu, le Nouvel An chinois, également appelé "chunjie" en version originale ou "fête du Printemps", est l’un des événements annuels les plus fort de la vie culturelle. En Chine, la fête du Printemps est synonyme de jours fériés et de vacances, de rassemblement familial et d’hommage aux traditions. Son importance est forte, son impact sur la société majeure pendant la période qui verra arriver la nouvelle année. Seulement, à l’image d’autres célébrations folkloriques et culturelles ayant cours sur la planète, le Nouvel An chinois est aussi un produit qui s’exporte particulièrement bien. Cette semaine, EnSino vous fournit les clés pour tout comprendre du Nouvel An chinois à l’international, et tout particulièrement chez nous autres Gaulois.

Le Nouvel An chinois, ce n’est pas QUE la République populaire de Chine !

Le Nouvel An chinois est célébré officiellement en République populaire de Chine ; EnSino l’a évoqué en détails dans les chapitres précédents. Seulement voilà : la République populaire de Chine n’est pas le seul pays d’Asie à célébrer de façon officielle la fête du Printemps. A commencer par la République de Chine tout court, plus connue sous le nom de Taïwan : les habitants de l’île bénéficient, eux aussi, de plusieurs jours de congés pour fêter l’arrivée de la nouvelle année en bonne et due forme. Il en va de même pour Hong Kong et Macao : les deux régions administratives spéciales de la République populaire de Chine jouissent, de la même manière, de quelques jours de congé – moins que la République de Chine et Taïwan cependant.

Dans les pays alentour où l’influence de la culture chinoise est forte, ou ceux dont la population comprend une importante minorité de Chinois ethniques, l’on fête également le Nouvel An chinois, et l’on chôme un, deux, voire trois jours pour l’occasion. C’est le cas de Singapour et de la Malaisie, des Philippine et du Brunei, ainsi que de l’Indonésie, de la Thaïlande et de la Corée du Sud. Le Viêt Nam fête également de manière conséquente le Nouvel An chinois, avec un autre nom cependant : l’on parlera de la fête du Têt.

 

Des routes bien occupées…

Bon à savoir : ces congés liés au Nouvel An chinois ne vont pas sans embouteillages sur les routes, ni surpopulation dans les gares et les aéroports des pays cités. En effet, la fête du Printemps est une période de migration intense, où chaque famille fait son possible pour se rassembler l’espace de quelques jours.

Vous le voyez, le Nouvel An chinois s’exporte formidablement dans les pays à proximité de la Chine. Mais l’Occident n’est pas en reste pour autant… En effet, fort d’une importante diaspora disséminée aux quatre coins du monde, le Chine est parvenue à imposer les célébrations uniques de sa fête du Printemps à quelques pays occidentaux. Pour vous, EnSino se penche sur le cas français.

La Tour Eiffel revêt les couleurs de la Chine pour le Nouvel An chinois

En janvier 2004, la ville de Paris a vu un symbole d’une force inédite altérer de la plus belle des façons son paysage : nous parlons de la Tour Eiffel, éclairée en rouge à l’occasion du Nouvel An chinois. L’effet fut double : célébrer une amitié franco-chinoise solide et placer, le temps d’une semaine, la communauté chinoise de France sur les projecteurs des médias.

 

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Sur la même période, le traditionnel défilé du Nouvel An chinois, avec ses costumes et ses créatures planant au-dessus des têtes, était invité sur les Champs-Elysées, autre symbole majeur de l’implication de la diaspora chinoise au cœur de la société française. En France, le Nouvel An chinois garde non seulement une indéniable prégnance au sein des Chinois de la diaspora, mais se diffuse également à travers ceux qui n’en font pas partie, mais dont l’enthousiasme et la curiosité sont suffisamment conséquents pour y participer.

Le Nouvel An chinois : un incontournable des célébrations parisiennes

Au cours de la dernière décennie, les festivités publiques du Nouvel An chinois sont parvenues à se hisser parmi les événements incontournables des fêtes parisiennes. Chaque année, ce sont quelques cent mille personnes, en provenance d’horizons divers et variés, qui viennent célébrer le passage à la nouvelle année. La communauté chinoise devient, le temps d’une semaine, l’actrice principale d’une pièce riche en couleurs et en originalités folkloriques.

Autre aspect de taille à souligner : ce ne sont pas tant les personnes d’origine asiatique qui s’affirment pendant ces célébrations en France, mais bel et bien les associations chinoises, qui saisissent, pendant cette période, l’occasion de témoigner de leur singularité.

Des associations très actives pendant le Nouvel An chinois

Ces associations profitent du fait que leur pays soit placé sur le devant de la scène pour organiser des activités extrêmement marquées par la culture chinoise : les démonstrations de kung-fu ou de ping-pong succéderont aux cours de chinois pour les enfants ou aux récitals d’opéra chinois, par exemple. C’est un travail de longue haleine, pour ces associations expatriées, que de préparer les festivités du Nouvel An chinois – un travail qui s’avère souvent payant, tant la bonne humeur est légion.

Le Nouvel An chinois est par ailleurs – EnSino vous en parle dans le chapitre précédant – une opportunité unique pour les membres de la communauté chinoise de se réunir pour la veillée dans ces associations, de célébrer ensemble, comme une grande famille, le passage à la nouvelle année. Les associations qui abritent un temple sont naturellement les plus prisées.

Quand le 13ème arrondissement s’anime

Parmi les quartiers les plus animés de la capitale française pendant les festivités de la fête du Printemps, l’on trouve le 13ème arrondissement, l’un des fiefs historiques de la diaspora chinoise. Parades riches en couleurs, mais également magasins restés ouverts, restaurants complets et boutiques de souvenirs dévalisées : l’impact, en plus d’être culturel, est aussi économique pour les commerçants du quartier.

L’impact politique du Nouvel An chinois en France

Aux saveurs exotiques diffusées par le Nouvel An chinois s’ajoutent chaque année des revêtements politiques. En février 2012, le Président de la République Nicolas Sarkozy fêtait, pour la troisième année consécutive, le Nouvel An chinois au sein de l’Elysée. Dans une atmosphère de campagne présidentielle, le chef de l’Etat avait organisé une grande réception où s’étaient croisés chefs d’entreprises, présidents d’associations et artistes divers.

Le maire de Paris, quant à lui, occupe régulièrement la place d’invité d’honneur aux cérémonies du Nouvel An chinois. Au gré des années, il donne le départ des parades et organise dans la ville des réceptions visant à célébrer la fête du Printemps : y sont régulièrement invités plusieurs milliers de personnes. C’est à cette occasion que le maire prononce un discours adressé à la diaspora chinoise – traduit en direct en mandarin. Les années passées, Bertrand Delanoë avait invité les Chinois à être "totalement [eux]-mêmes" afin de "donner à Paris [leur] esprit d’entreprise, [leur] culture, et permettre à la capitale d’être différente". Chez EnSino, c’est tout ce que l’on souhaite à nos amis d’origine asiatique et à notre pays.

Exporter le Nouvel An chinois : pari réussi

Vous l’aurez compris, le Nouvel An chinois a su dépasser les frontières de son pays d’origine pour se répandre non seulement sur plusieurs puissances du continent asiatique, mais aussi sur des pays occidentaux, avec la France en première position. Au sein du territoire français, le Nouvel An chinois se mue tour à tour en un festival de couleurs chatoyantes, en une ode aux diversités culturelles du pays, et en un événement économique et politique de taille. 

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