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La Chine : l’épopée millénaire d’un pays aux mille richesses

 

Premier pays du globe en matière de population (1,36 milliard d’individus), deuxième puissance mondiale derrière les Etats-Unis, civilisation millénaire aux mille facettes : la Chine intrigue, la Chine fascine et continue à enrichir le monde de son savoir ancestral et de ses connaissances sans égal. Mais de cet immense pays (9 596 961 kilomètres carrés de superficie, soit plus de deux fois l’Union européenne), que sait-on vraiment ? Demandons à l’Occidental de citer les inventions que l’on doit à la Chine : il répondra, à raison, la boussole, la poudre à canon, le papier ou même le billet de banque. Mais pensera-t-il aux pâtes alimentaires, aux allumettes, à l’acier, et même à l’imprimerie, inventée au IXème siècle, puis un temps oubliée avant Gutenberg car elle s’adaptait mal aux idéogrammes propres à l’écriture chinoise ?

De l’influence de ce grand Etat d’Asie, l’Européen moderne retiendra Confucius ; mais saura-t-il définir le confucianisme ? Il retiendra la Grande Muraille : mais saura-t-il dire en quel siècle elle fut créée ? De par son âge, son excellence et son indéniable côté touche-à-tout, la civilisation chinoise constitue l’une des plus riches que nous connaissons. Pourtant, celle à qui l’on doit l’acupuncture, la porcelaine et le taoïsme a encore beaucoup à nous enseigner. A travers son histoire, ses rites et ses coutumes, son industrie et son système éducatif – et autant d’éléments qui forment l’identité d’un pays –, découvrons ce que nous ignorions ou redécouvrons ce que nous avons oublié sur l’Empire du milieu.

Un territoire unique et des caractéristiques démographiques hors pair

 

Un territoire 3 fois plus vaste que son homologue indien

La Chine est le plus vaste pays situé entièrement en Asie : son territoire, riche d’une incroyable diversité de paysages (les plateaux vallonnés et les massifs à l’Ouest laissent la place aux déserts, aux steppes et aux plaines à l’Est), partage des frontières avec pas moins de 14 pays (dont la Mongolie, la Russie, l’Inde et la Birmanie) et est parcouru par plus de 50 000 cours d’eau, dont le Yangtsé, plus long fleuve du pays (6 300 kilomètres) et 3ème fleuve du monde après le Nil et l’Amazone. Avec de telles caractéristiques, il n’est pas étonnant de voir se développer un formidable réseau à grande vitesse sur le territoire. Aujourd’hui le plus long réseau du monde de lignes à grande vitesse (réseau principalement observable à l’Est du pays), il doit atteindre les 16 000 kilomètres à l’horizon 2020.

A travers l’Histoire, ce très vaste territoire, ralliant aujourd’hui le Pamir (un massif de hautes montagnes à l’Est du Tadjikistan) à l’océan Pacifique et le désert de Gobi à la péninsule indochinoise, s’est rétréci et agrandi au gré des guerres et des invasions. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de la Chine, l’on réfère à deux Etats, réclamant tous deux la souveraineté du pays : la République populaire de Chine d’un côté (99,6% du territoire et plus de 98% de la population chinoise), la République de Chine d’un autre, constituée essentiellement de l’île de Taïwan, avec 0,4% de la superficie totale et moins de 2% de la population.

Une biodiversité semblable à celle du Brésil et de l’Afrique du Sud

 

La Chine, c’est aussi, dû à l’étendue unique de son territoire, une grande variété de climats : l’on passe d’un climat sec au nord, avec de rudes périodes hivernales, à un climat subtropical au sud. Entre les deux, au centre du pays, se trouve un climat plus tempéré. La Chine fait par ailleurs partie des 17 pays dits « mégadivers » identifiés par les Nations unies, c’est-à-dire qu’elle se démarque par sa grande richesse en matière de biodiversité, au même titre que le Mexique, l’Australie ou la République démocratique du Congo.


Les spécificités démographiques de la Chine

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La démographie chinoise constitue elle aussi une exception mondiale. Pays aux ressources agricoles généreuses, l’Empire du milieu a su développer à la fois des agglomérations géantes et une population rurale très dense. Aujourd’hui, les hommes âgés de 15 à 64 ans sont majoritaires dans le pays, avec environ 495 millions de représentants. Les femmes de cette même tranche d’âge sont, pour leur part, 469 millions. Les 0 à 14 ans représentent environ 20% de la population, avec 140 millions d’individus de sexe masculin et 124 millions de filles. Enfin, les séniors âgés de plus de 65 ans constituent pour leur part 8% des Chinois, avec 51 millions d’hommes et 56 millions de femmes.

La forte croissance démographique qu’a connue la Chine s’explique par une baisse significative du taux de mortalité et une incitation à la reproduction sous Mao Zedong. Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que cette explosion subira un coup de frein conséquent, avec la politique de l’enfant unique. De 41 ans au début des années 1950, l’espérance de vie est passée à 73 ans en 2011 en Chine.

Une pluralité d’ethnies

 

En Chine, l’on compte aujourd’hui plus d’une cinquantaine d’ethnies différentes qui, réunies, forment la « Nation chinoise ». Elles sont dominées par une ethnie largement majoritaire sur le territoire : l’ethnie Han (92% de la population). De grandes diversités existent cependant au sein même de celle-ci : différences culturelles et linguistiques sont légion.

Malgré cette écrasante domination numérique, la Chine abrite cinquante-cinq autres ethnies ou nationalités sur son territoire. Ces 8% restants sont des citoyens dont la culture ou la langue maternelle ne répondent pas aux caractéristiques hans. En 2008, l’on dénombrait plus de 100 millions de représentants de ces groupes.

 


 

L’Histoire de la Chine, ou la montée en puissance d’une nation de premier ordre

 

Des premiers hommes aux premières dynasties

Si l’on considère que l’Histoire est indissociable de l’être humain, alors celle de la Chine commence il y a quelques 75 000 ans, époque où l’Homme y aurait posé le pied pour la première fois. Ce ne serait que des milliers d’années plus tard, en 7 500 avant J.-C., que l’agriculture du pays aurait connu ses prémices, avec l’élevage du chien et du poulet et la culture de céréales à très petits grains.

En Occident, l’on retient plus volontiers de l’Histoire de Chine ses dynasties dominantes, les Tang et les Ming en pole position. Mais avant elles, d’autres se sont passé la main, à commencer par la dynastie Xia (de 2070 à 1600 avant J.-C.), à qui succédèrent les Shang (de 1600 à 1046 avant J.-C.), puis les Zhou, qui régnèrent de manière intermittente sur la Chine. Entre leur accession au pouvoir et leur chute s’enchaînent dissensions et attaques barbares.

Deux périodes ressortent alors dans l’historiographie chinoise : celle dite des « Printemps et des Automnes » et celle des « Royaumes combattants« . Pendant la première, l’autorité du souverain Zhou est affaiblie et l’on observe l’émergence de grands Etats sur le territoire. Pendant la deuxième, 7 de ces Etats subsistent et s’affrontent sur près de 230 ans. Mais l’héritage de ces deux périodes houleuses dépasse les simples clivages militaro-politiques : elles voient l’éclosion d’une kyrielle de mouvements philosophiques, dont le confucianisme et le taoïsme seront les plus solides représentants.

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L’avènement de l’Empire chinois

C’est en 220 avant J-.C. qu’apparait le premier Empereur de la Chine : le prince Yin Zheng s’attribue le titre suprême après la conquête des Etats voisins au sien. La dynastie Qin crée une première dans l’Histoire du pays. Malgré un règne bref (11 ans au pouvoir), l’Empereur entame la construction de ce que l’on appelle aujourd’hui la Grande Muraille. Mais son successeur n’est pas à la hauteur des ambitions de Yin Zheng et la dynastie des Qin prend fin après une période de guerre civile. C’est aux Han de prendre en main le pays. Des Han (les mêmes qui ont laissé leur nom à la première ethnie de Chine), l’Histoire retiendra l’adoption officielle du confucianisme, ainsi que la floraison des arts et l’élargissement de l’Empire.

Après cette période comparable à notre Renaissance sur plusieurs points, arrive une autre période de troubles, celle des Trois Royaumes, où 3 Etats tentent de se partager le territoire. Malgré une union éphémère en 280 après J.-C., les barbares dévastent le pays et provoquent un exode sans précédent d’une partie de la population.

C’est en 618 que la dynastie Tang accède au pouvoir – elle ne le quittera qu’en 907, après 289 années de règne. Celui-ci commence avec prestige par une période de prospérité ; le bouddhisme, connu des Chinois depuis le Ier siècle, brille par sa prédominance sur les autres religions et séduit la famille royale. Mais à la manière des autres dynasties l’ayant précédée, celle des Tang périclite. Après elle se croiseront la dynastie des Song, celle des Liao et celle des Jin.

Les Mongols et la reconquête du pouvoir par les Ming

A partir du XIIIème siècle et sur près de 200 ans, les Mongols deviennent indissociables de l’Histoire de leurs voisins chinois. En 1215, Gengis Khan, chef de toutes les tribus turco-mongoles, s’empare de Pékin, chassant ainsi la dynastie Jin. Menés par différents chefs, les Mongols viennent tour à tour à bout des Jin, puis des Song du Sud, après une période de conflit où, pour la première fois de l’Histoire chinoise, les armes à feu jouent un rôle crucial.

Après la tempête arrive une période de calme, que les historiens appelleront « Pax Mongolica« , soit l’âge d’or de l’Empire mongol. C’est à cette époque que Marco Polo aurait réalisé ses voyages en Chine. Le personnage le plus emblématique de cette période est Kubilai Khan (né en 1215 et mort en 1294), petit-fils de Gengis Khan et fondateur de la dynastie mongole des Yuan, qui règnera sur le pays pendant presque un siècle, avec pour capitale Pékin.

Mais ce siècle de domination mongole voit croitre un ressentiment de la part de la population chinoise. En 1368, la révolte atteint son paroxysme et propulse la dynastie Ming au pouvoir : ce changement majeur ouvre la voie à une ère de renouveau économique et culturel, avec notamment la construction de la Cité Interdite.

Les Qing face aux difficultés de la modernité

 

Les Ming règnent sur le pays jusqu’en 1644, date où ils sont renversés par la dernière dynastie impériale qu’ait connue la Chine, les Qing, d’origine mandchoue. Une période de prospérité s’instaure alors, jusqu’au XIXème siècle où la Chine voit naitre une période de grande agitation sociale. De plus, c’est pendant ce même siècle que l’ingérence des puissances occidentales en territoire chinois s’affirme.

Plusieurs facteurs, dont le désir de la Grande-Bretagne de voir la Chine continuer à exporter de l’opium (exportations rendues illégales par des édits impériaux), résultent sur la première guerre de l’opium, conflit s’étalant de 1839 à 1842 et remporté par les Britanniques. Cette défaite s’impose comme la première manifestation du déclin de l’Empire de Chine.

Après la victoire des Qing dans la révolte des Taiping, guerre civile ayant secoué le pays entre 1851 et 1864, leur impératrice Cixi profite de ce regain de confiance. Cependant, elle voit ses armées défaites tour à tour par la France (engagée de 1883 à 1885 pour le contrôle de l’Indochine), puis par le Japon (pour la domination de la Corée, de 1894 à 1895). Des réformes en profondeur s’imposent mais en 1899, c’est véritablement le début de la fin pour les Qing avec la célèbre Révolte des Boxers. 12 ans plus tard, la dynastie s’effondre définitivement : le dernier empereur abdique en 1911 et en 1912 est proclamée la République de Chine.

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La naissance de la République de Chine

Pendant plusieurs années d’imbroglio politique, la Chine est dévorée par des luttes intestines entre coalitions. C’est à partir des années 1920 que Sun Yat-sen, personnage emblématique considéré aujourd’hui comme le « père de la Chine moderne« , œuvre à la réunification de la nation depuis la base révolutionnaire qu’il a établie dans le sud du pays. Soutenu par les Soviétiques, il se rapproche du alors balbutiant Parti communiste chinois (PCC). Lorsque Sun Yat-sen meurt en 1925, c’est le non moins célèbre Tchang Kaï-chek, l’un de ses lieutenants, qui prend la tête du mouvement et qui parvient à dominer une partie du territoire grâce à son « expédition du Nord« , une campagne militaire menée entre 1926 et 1928. Entre temps, Tchang Kaï-chek s’est détourné des communistes.

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Les années 1930 marquent une nouvelle décennie de bouleversements : le Japon envahit la Mandchourie et la Longue Marche commence. Cette épopée de douze mois, régentée par l’Armée rouge pour fuir Tchang Kaï-chek, voit l’éclosion d’un leader charismatique chez les communistes : Mao Zedong, alors âgé de 40 ans.

De 1937 à 1945, c’est la Seconde Guerre sino-japonaise, volet prééminent de la Seconde Guerre mondiale en terres asiatiques. Lorsque l’Empereur Hirohito annonce la capitulation de son pays, la guerre civile chinoise reprend là où elle s’était arrêtée, avec un avantage donné au PCC. A l’aube des années 1950, celui-ci domine le pays et force Tchang Kaï-chek à s’exiler à Taïwan.

La Chine de Mao Zedong à Hu Jintao

Le 1er octobre 1949 est une date cruciale : la République populaire de Chine est proclamée par les partisans du désormais puissant Mao Zedong. En 1958, il lance son Grand Bond en avant, des mesures économiques visant à propulser la Chine au même niveau de développement que les leaders mondiaux en un temps record. Abandonnée en 1960, puis définitivement 2 ans plus tard, la mesure est un échec terrible.

En 1976, avec la mort de Mao Zedong, s’ouvre la bataille pour lui succéder. L’arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir en 1978 ouvre la porte à des réformes majeures : prédominent une percée des investissements étrangers et l’encouragement vers un socialisme de marché, où l’Etat possèderait les moyens de production et déterminerait les prix, tandis que les entreprises seraient gérées par leurs propres administrateurs.

S’engageant via Deng Xiaoping vers un communisme voulu plus modéré, la Chine explose et connait une forte croissance. A partir des années 1990, la Chine va accélérer la cadence en hissant son taux de croissance à plus de 8 à 9% par an. La récompense ultime arrive en 2010 : la Chine devient alors la seconde puissance économique mondiale, dépassant le Japon.


La Chine, une approche extraordinaire de la religion et de la culture

Au cours des siècles qui l’ont vu évoluer, la Chine a su se mettre en avant grâce à une culture et des courants de pensée uniques en leur genre. A son actif : des religions et philosophies séculaires, un parler et un écrit pluriels et une appropriation atypique des modes d’expression connus, musicaux, littéraires ou picturaux.

L’Empire du milieu, berceau de religions et philosophies à l’essor international

Religions, philosophies, pratiques, simples règles de vie… Difficile de définir les rites et cultes chinois à travers un spectre purement occidental et de les comparer aux 3 religions monothéistes que nous connaissons. La Chine se caractérise par la multiplicité des mouvements qu’elle accueille. Depuis son existence, la majorité des grandes religions que nous connaissons ont foulé ses terres ou y ont même vu le jour. Revue des principales croyances observées, dans le passé ou dans le présent, au sein de l’Empire du milieu.

Le Yi Jing et sa figure allégorique du Yin et du Yang

Originellement, le Yi Jing est un manuel chinois, élaboré pendant la dynastie Zhou, c’est-à-dire pendant le millénaire ayant précédé l’apogée du christianisme. Ce manuel, utilisé pour faire des divinations et comprendre la condition du monde, est bâti sur un système de signes binaires.

Occupant une place véritablement élémentaire dans la pensée chinoise, c’est à lui que l’on doit la figure emblématique du Yin et du Yang, deux entités tout à la fois complémentaires et concurrentes. Comme l’explique le sociologue et philosophe Edgar Morin, cette figure primordiale est donc une figure d’ordre, d’harmonie, mais portant en elle une idée tourbillonnaire et le principe d’antagonisme.

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Un vieillard à barbe blanche à l’origine du taoïsme

Le taoïsme répond à la fois à la définition donnée de la religion et, en même temps, à celle de la philosophie. Les historiens évaluent l’apparition des premiers courants taoïstes au IIème siècle avant J.-C. Ceux-ci s’inspirent à la fois du Yi Jing et des enseignements de Lao Tseu, un philosophe représenté par un vieillard à barbe blanche. Les dates le concernant sont très incertaines : l’on estime qu’il serait né au VIème siècle avant J.-C. et mort pendant le Vème siècle avant J.-C.

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L’un des textes fondamentaux du taoïsme est le Dao De Jing, plus connu sous le nom de « Livre de la Voie et de la Vertu« , attribué à Lao Tseu : c’est un court recueil d’aphorismes dont les interprétations continuent de diviser aujourd’hui. Le taoïsme constitue avec le bouddhisme et le confucianisme l’une des « trois écoles » majeures de la pensée chinoise ; la Chine abriterait plus de 1 500 temples dédiés à sa pratique.


Quand le bouddhisme dépasse les frontières de l’Inde

Pouvant être considéré, au même titre que le taoïsme, à la fois comme une religion et une philosophie, le bouddhisme fait ses premiers pas en Chine dès le premier siècle de notre ère. Importé d’un pays voisin, l’Inde, où il est apparu au Vème siècle avant J.-C., le bouddhisme a influencé les croyances religieuses en Chine de manière significative.

L’une de ses formes, appelée « bouddhisme tibétain« , mais sans doute plus connue sous le nom de « lamaïsme« , est extrêmement répandue dans 2 des 5 régions autonomes de République populaire de Chine, à savoir le Tibet et la Mongolie-Intérieure (vaste région qui occupe la partie nord-est du territoire). Le nombre de temples bouddhistes en Chine est estimé à environ 13 000.

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La pensée confucéenne et son initiateur, icône de tout un peuple

L’idéologie confucianiste constitue la troisième des « trois écoles » précédemment évoquées : c’est l’un des plus importants courants philosophique, moral, religieux et politique de la nation. Le confucianisme s’est développé sur près de 2 000 ans, à partir de la vie d’un homme, le philosophe Confucius. Il serait né en 551 avant J.-C. et mort en 479.

Contemporain, quoique plus jeune, de Lao Tseu, Confucius continue d’exercer sur la Chine une influence sans pareil. Tour à tour combattue, tolérée puis érigée en doctrine d’Etat, l’idéologie confucianiste ne s’est pas restreinte aux frontières du pays et a depuis pénétré des nations comme la Corée, le Japon ou le Viêt Nam.

Une place pour d’autres religions et philosophies

Des autres religions ou doctrines notables implantées en Chine, on notera tout d’abord le chan, une doctrine syncrétique, combinant taoïsme et bouddhisme. La légende raconte que Bodhidharma, figure mythique du bouddhisme indien, se serait rendu entre 520 et 526 à Shaolin et y aurait établi un monastère éponyme, aujourd’hui mondialement connu dans le monde des arts martiaux. C’est de cette doctrine que serait issu, entre autres, le zen japonais.

L’islam a su, lui aussi, s’imposer sur le territoire chinois. Fort d’une très grande expansion sous la dynastie mongole des Yuan, on compte plusieurs millions de musulmans en Chine : ceux-ci restent cependant une minorité.

Enfin, le christianisme trouve aussi quelques fidèles dans l’Empire du milieu. Le nombre de chrétiens s’y élèverait à environ 60 millions, soit environ 4,6% de la population totale du pays.

L’astrologie chinoise et ses incontournables célébrations

Difficile de parler des rites et coutumes de la Chine sans évoquer sa célèbre astrologie. Celle-ci a pour pilier le calendrier chinois et son cycle d’années duodécimal. Ces douze années ont chacune un animal pour symbole : ce sont les signes du zodiaque chinois, que sont, dans l’ordre : le rat (ou la souris), le bœuf (ou le buffle), le tigre, le lapin (ou le lièvre), le dragon, le serpent, le cheval, la chèvre (ou le bouc, ou bien encore le mouton), le singe, le coq, le chien et enfin, le cochon (ou bien le sanglier ou le porc). L’astrologie a pour finalité la compréhension des astres et la manière dont les mouvements des constellations orientent les vies et définissent la chance ou la malchance.

Au calendrier chinois viennent s’associer des fêtes traditionnelles, très populaires non seulement en Chine, mais aussi aux quatre coins du globe, répandues au gré des pérégrinations de la diaspora chinoise. Premier représentant de ces réjouissances : le Nouvel an chinois, fêtant le premier jour du premier mois du calendrier. La date de ce premier jour, si elle diffère d’année en année, se situe toujours entre le 21 janvier et le 20 février du calendrier grégorien.

Le premier jour marque le commencement de la fête du Printemps ; celle-ci s’étale sur quinze jours et prend fin avec la non moins fameuse fête des Lanternes. Si les us et coutumes pendant les festivités diffèrent selon les régions, une seule et même finalité unit ceux qui célèbrent le Nouvel An chinois – somme toute semblable à notre Saint Sylvestre : adopter de bonnes résolutions pour les douze mois à venir.


Langues et écriture dans l’Empire du milieu

De la Chine à Taïwan, en passant par l’Indonésie, les Philippines ou Singapour, ils sont, selon les dernières estimations, plus d’1,3 milliard d’êtres humains à parler chinois. Mais parler du « chinois » en tant que langue, c’est faire allusion à pas un, mais plusieurs langages, désignés sous le nom de langues « sinitiques« . Pour une universalité du chinois, on cherchera plutôt dans la langue écrite, qui dépasse les clivages des différents parlers et leurs prononciations hétérogènes.

De ces langues, issues de la famille des langues sino-tibétaines, l’on reconnait sept familles de formes modernes. Parmi celles-ci, citons quelques unes des plus connues, à savoir le chinois du Nord (parlé dans le nord et le nord-est du pays), le mandarin standard (langue officielle de la République populaire de Chine et version normalisée du chinois du Nord), le cantonais (que l’on entend notamment à Macao et à Hong Kong) et le wu (parlé dans Shanghai, ville la plus peuplée de Chine avec plus de 18,5 millions d’habitants).

La splendeur de l’art chinois

Au même titre que ses courants de pensée et ses langues et dialectes, l’art en Chine jouit d’une indéniable richesse. De la souplesse offerte par sa musique au savoir-faire ancestral de ses céramistes, en passant par son architecture sans pareil, ses fameux jardins ou bien encore son cinéma, l’Empire du milieu s’est inscrit, et continue à s’inscrire dans un éclectisme audacieux et en constant renouveau.

L’Occidental aura peut-être plus de difficultés à cerner les grands enjeux et les formidables réussites de la littérature chinoise. Pour sa défense, il est vrai que peu de la production écrite chinoise est traduite vers les langues européennes, limitant ainsi l’accès du Vieux Continent aux œuvres du pays. Parmi les exceptions, l’on trouvera Le Roi des singes, roman fantastique de Wu Cheng’en paru pour la première fois au XVIème siècle, Au Bord de l’Eau, un roman d’aventures tiré de la tradition orale, ou bien encore les œuvres de Lu Xun (né en 1881 et mort en 1936), considéré comme l’un des pères de la littérature chinoise contemporaine.

Les styles ne manquent pourtant pas en littérature chinoise, et il y en a pour tous les goûts. Citons, par exemple, les contes, les essais et les biographies, qui pullulent dans le paysage littéraire du pays.

La calligraphie, incarnation de l’art chinois par excellence

 

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Enfin, rappelons combien la calligraphie occupe une place de premier ordre dans l’art chinois. Art majeur dont l’aurore remonterait jusqu’à environ 2750 avant J.-C., elle demande à celui qui s’y essaye une approche sensible et une technique irréprochable. Pratique également très développée au Japon, en France c’est François Cheng (né en 1929 à Nanchang et également écrivain et poète) qui est son plus fidèle ambassadeur.

Outre les qualités précédemment évoquées, sa pratique requiert ce que l’on appelle depuis 14 siècles les « quatre trésors du lettré« , à savoir l’encre de Chine, le papier de riz, la pierre à encre (pour broyer l’encre) et le pinceau. Selon une formule souvent rapportée et affectionnée par ceux qui pratiquent la calligraphie, celui-ci tiendrait lieu de « sismographe de l’âme ».


Une économie et un système éducatif ouverts sur le monde

L’économie chinoise et son système éducatif font tous deux partie, chacun à leur manière, de l’orgueil d’une nation à l’Histoire immensément riche et aux cultures hautement stimulantes. L’économie d’une part, parce que la Chine représente un vaste marché et un chiffre de croissance qui continue de stupéfier les économistes les plus avertis. L’éducation d’autre part, car elle implique quelques universités au rayonnement international et voit de plus en plus des jeunes qu’elle forme développer leur culture du monde à travers des programmes d’échange, dont le nombre va croissant année après année. Gros plan sur deux aspects majeurs du pays, sans quoi la Chine ne serait tout simplement pas la Chine.

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L’économie chinoise à travers les âges

Qui dit économie dit argent, et qui dit argent dit billets : rappelons que c’est à la civilisation chinoise que l’humanité doit l’usage du papier monnaie. Les spécialistes du sujet estiment que l’origine du billet, ou monnaie-papier, remonterait au début du VIIème siècle : alors que les Tang régnaient sur la Chine, des marchants ambulants auraient pris l’habitude de procéder à leurs règlements avec des billets à ordre. La raison : échapper le plus possible au transport de richesses lourdes. En 1024, c’est l’adoption officielle du billet par le pays. Des années après, c’est le yuan qui fera office de devise officielle, émis par la Banque populaire de Chine.

Des siècles durant, c’est la production de nourriture qui représenta l’activité économique numéro un de la Chine. La culture du blé, mais aussi et surtout du riz, s’est rapidement imposé face à l’élevage. Au XIXème siècle, suite notamment à sa défaite pendant la première guerre de l’opium face à la Grande-Bretagne, la Chine doit céder des avantages commerciaux aux grandes puissances européennes, ainsi qu’aux Etats-Unis et au Japon.

Près de 150 ans de bouleversements

A la fin du siècle, l’on observe les premières marques d’une industrialisation progressive dans certaines régions : usines et chemins de fer commencent à faire leur apparition. Mais la première moitié du XXème siècle est une épreuve pour l’économie chinoise : au sortir de la Seconde Guerre mondiale, celle-ci n’est plus que l’ombre d’elle-même.

L’année 1949, qui voit la naissance de la République populaire de Chine, marque l’amorce d’une période d’autarcie pour le pays, jusqu’à Deng Xiaoping et son « économie socialiste de marché« , symbolisant l’ouverture de l’économie chinoise à partir de la seconde moitié des années 1970. Le 11 décembre 2011, un événement vient parfaire la soif d’expansion du pays vers l’international : la République populaire de Chine entérine son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).


Et aujourd’hui ?

Si l’agriculture joue un rôle moins prépondérant dans l’économie nationale depuis les années 1990, elle reste encore et toujours un secteur d’activité des plus importants. Le secteur secondaire, lui, connait une explosion sans équivoque avec, par exemple, une industrie lourde forte. Parmi les industries majeures du pays, l’on compte celle de l’acier, de l’armement, du textile, des produits de consommation et des matériels de transport.

La Chine abrite par ailleurs d’importantes réserves de métaux rares, dont elle use pour la nanotechnologie, le photovoltaïque ou bien encore la métallurgie. L’Empire du milieu est également le premier exportateur mondial de biens, avec notamment une très forte présence dans les secteurs du textile, de l’acier, des ordinateurs portables et de l’équipement ménager. Parmi ses principaux importateurs, l’on compte l’Europe et les Etats-Unis, suivis par le Japon et la Corée du Sud.

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Des entreprises influentes pour la 2ème puissance mondiale

Certaines entreprises chinoises atteignent la catégorie très prisée des cent milliards de yuans de chiffre d’affaire. Le groupe pétrolier et chimique Sinopec domine cette poignée de conglomérats, qui compte également en son sein China Mobile (plus grand opérateur de téléphonie mobile au monde, avec plus de 677 millions d’abonnés), la Bank of China (l’une des quatre grandes banques commerciales d’État de la République populaire de Chine) ou bien encore la State Grid (plus grand fournisseur d’électricité en Chine et deuxième entreprise mondiale en nombre d’employés, avec plus d’1 486 000 salariés).

En 2011, la Chine a su hisser son produit intérieur brut à 7 301 milliards de dollars, devenant ainsi la 2ème puissance mondiale derrière les Etats-Unis avec, au 1er trimestre 2012, un taux de croissance de 8,1%.

L’instruction en Chine

Depuis 1949, c’est une véritable métamorphose qu’a connue la Chine en matière d’éducation. Avec une explosion du taux d’alphabétisation, un peu plus de 95% des hommes chinois savaient lire et écrire en 2002, et près de 87% des femmes pouvaient en faire autant. Aujourd’hui, l’on estime à environ 250 millions le nombre d’individus recevant une éducation dans le primaire, le secondaire ou le supérieur.

Dans l’Empire du milieu, l’enseignement élémentaire comprend 9 années d’instruction obligatoire. Au lycée, l’enfant a le choix entre la voie professionnelle et la voie générale : c’est cette dernière qui pourra le mener sur les bancs de l’université. Mais avant, il faut passer par le gaokao, l’équivalent du baccalauréat français. L’exercice est considéré avec beaucoup d’appréhension par les étudiants chinois, tant la hardiesse de ses épreuves le rend sélectif. Mais à la clé : le droit d’intégrer les universités les plus prestigieuses du pays.

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Universités chinoises et études à l’étranger

La Chine jouit de quelques universités au rayonnement international et au prestige unique dans le pays. Parmi celles-ci, citons l’Université de Pékin, fondée en 1898, l’Université Tsinghua, également située dans la capitale de la République populaire de Chine, ou bien encore l’Université de Wuhan, dans la province de Hubei, à l’est du pays.

Mais pour de nombreux étudiants, l’idéal réside au-delà des frontières du pays : beaucoup de jeunes Chinois espèrent avoir la chance, un jour, de poursuivre leurs études en Europe ou sur le continent américain. Espoir de moins en moins inaccessible, puisque la Chine est devenue le premier pays exportateur d’étudiants dans le monde. D’après le ministère de l’Education chinoise, plus d’1,27 million d’étudiants chinois étaient inscrits dans des universités ou des écoles hors de Chine en 2011. Chiffre d’autant plus capital qu’il vient confirmer qu’en Asie, l’Inde et la Corée du Sud n’ont plus le monopole de l’envoi d’étudiants à l’étranger.

Les destinations dont ces étudiants sont les plus friands ? Les Etats-Unis, le Japon et la Grande-Bretagne, mais aussi l’Australie, le Canada et la France. Pour l’année scolaire 2009-2010, ils furent plus de 29 000 à choisir la France, soit dix fois plus qu’il y a dix ans. Cette diaspora estudiantine représente aujourd’hui la deuxième nationalité la plus présente en France en matière d’étudiants, derrière le Maroc. En 2010 et 2011, la Chine décroche la palme du pays le plus représenté à la Cité internationale universitaire de Paris, confirmant l’affection particulière des étudiants chinois pour l’Hexagone, et une volonté de l’Empire du milieu d’ouvrir ses jeunes talents aux connaissances du monde.