La Chine, élève des Français dans le nucléaire, aspire à devenir le maître

Une évolution stratégique vers l’indépendance

Le dirigeant souriant et amoureux de la culture française exprime clairement à Pierre Gadonneix, le PDG d’EDF, partenaire historique de CGNPC, que leurs relations « professeur-élève » ont évolué. Il est temps de passer à une « coopération stratégique » plus robuste entre leurs organisations. Ce chef d’entreprise envisage déjà son entreprise parmi les leaders mondiaux des exploitants d’installations nucléaires, aux côtés d’EDF et de Tepco, la compagnie japonaise.

EDF, bien qu’étant dans une position avancée grâce à l’EPR en phase de construction, doit maintenir ses efforts. Jusqu’à présent, le groupe français a aidé CGNPC dans la mise en place des réacteurs de Daya Bay et Ling Ao. Récemment, EDF a franchi une étape significative en investissant 600 millions d’euros, représentant environ 30 % du capital, dans une joint-venture avec CGNPC. Cette collaboration vise à concevoir et gérer deux EPR sur le site de Taishan, près de Macao.

Malgré cette relation de longue date, EDF a dû convaincre CGNPC qu’il ne souhaitait pas jouer un rôle passif, rejetant l’idée des 15 % initiaux de capital proposés par les Chinois. François Gadonneix souligne que pour lui, le fait d’ »investir et d’exploiter » était essentiel. Son exigence d’un droit de veto sur les décisions critiques montre l’importance de cette aventure commune.

Un savoir-faire chinois en pleine expansion

La technologie française, bien que prépondérante, ne jouera pas indéfiniment en faveur d’EDF. CGNPC a développé des compétences solides en ingénierie et est désormais capable de reproduire les centrales de deuxième génération vendues par la France dans les années 1980. Ce processus d’ »sinisation » est comparable à la manière dont EDF et Framatome avaient, dans les années 1970, adapté la technologie de Westinghouse. Ce dernier, désormais sous la direction de Toshiba, demeure un concurrent principal d’Areva.

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Hervé Machenaud, responsable de la branche Asie-Pacifique d’EDF, se souvient que la centrale de Daya Bay avait été livrée clé en main, et que Ling Ao 1 est déjà composé de 30 % d’éléments chinois, tandis que Ling Ao 2 le sera à 70 %. Cela laisse entrevoir qu’avec l’achèvement des deux premiers EPR, les Chinois acquerront la capacité de construire leurs propres installations. En raison de l’expertise d’EDF, la Chine pourrait se positionner en tant qu’exportateur de réacteurs de troisième génération EPR dans le sud-est asiatique.

Des projets d’implantation se dessinent déjà au Vietnam, qui envisage de développer sa capacité nucléaire. La Thaïlande se montre également intéressée. Les compétences des ingénieurs chinois rivalisent désormais avec celles de leurs homologues français, et parfois même dépassent. À Ling Ao 2, le respect des délais de construction est exemplaire, à l’exception d’Areva, qui rencontre des délais de fabrication de réacteurs.

Une ambition nucléaire sans précédent

Lors d’une rencontre avec les journalistes, Quian Zhimin a rappelé l’ambition de la Chine de développer son programme nucléaire. Son approche est claire : « Acquérir la technologie par l’ouverture du marché, importer des technologies avancées et encourager l’innovation pour devenir autonome dans la conception ». À long terme, CGNPC vise à maîtriser les compétences nécessaires pour ériger des centrales entièrement chinoises.

Les réticences autour de ces pratiques sont souvent considérées comme du pillage technologique, mais des figures politiques, comme Nicolas Sarkozy, ont souligné leur importance en affirmant qu’il est nécessaire de partager la technologie la plus avancée. Le partenariat avec EDF et Areva devrait permettre à CGNPC d’atteindre un niveau technologique reconnu mondialement d’ici quinze ans.

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Avec la montée en puissance de l’industrie nucléaire, la dépendance à la technologie étrangère est devenue inacceptable pour la Chine. Avant 2004, le mantra était « développement nucléaire approprié », mais il a été remplacé par « accéléré ». D’ici 2020, la Chine pourrait atteindre une capacité installée de 40 000 mégawatts, multipliant par cinq celle de 2007, bien qu’elle ne représente encore que 4 % de l’électricité produite dans le pays. À ce rythme, CGNPC s’imposera as le leader chinois du nucléaire, mais il reste à voir si cette part pourrait continuer à croître.

Quels enjeux pour l’avenir du nucléaire en Chine?

Il est difficile de croire que la part du nucléaire reste stable à long terme. Luc Oursel, président d’Areva NP, souligne que la Chine construit chaque année des installations équivalentes à l’ensemble du parc énergétique français. Les responsables chinois reconnaissent qu’ils souhaitent, à terme, atteindre la moyenne mondiale d’électricité d’origine nucléaire estimée à 17 %. Cela signifierait que la Chine pourrait potentiellement compter 250 réacteurs en fonctionnement!

Pour les passionnés de technologie nucléaire et les observateurs de la scène internationale, cette transition représente une occasion d’explorer des dimensions essentielles sur le développement énergétique de la Chine et son impact global. Pensez-vous que la dépendance accrue de la Chine envers sa technologie nucléaire nationale pourrait changer la donne sur la scène énergétique mondiale? Partagez votre avis dans les commentaires !

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